Madame Danièle REYNDERS
Juge d’instruction
Palais de Justice
4000 LIEGE
Liège, le 16 septembre 2005
Madame la Juge d’instruction
Objet principal de la présente
Puis-je me permettre de vous rappeler la lettre ouverte que je vous ai transmise le 29 août dernier, et vous prier de bien vouloir en accuser réception.
Précisions complémentaires
Par la même occasion, je me permets de vous signaler qu’après vous avoir transmis ladite lettre, j’ai pris le temps de la relire afin de corriger, avant sa diffusion, les inévitables erreurs de frappes ou autres. Ce qui m’a permis de faire une dernière analyse objective de la situation avant d’agir. Et j’en ai tiré la conclusion suivante : en remontant à l’origine de l’affaire qui me préoccupe depuis 1995, il me paraît incontestable que ce qui était fait notamment par les magistrats et auxiliaires concernés pour aboutir à la délivrance du mandat d’arrêt dont j’ai été l’objet, était une erreur.
Mais persister à ne pas vouloir la reconnaître en utilisant tous les moyens d’abus, y compris l’instrumentalisation de la psychiatrie à des fins autres que thérapeutique, était et reste une faute ; faute dont la gravité est directement proportionnelle à la gravité du but poursuivi par les moyens mis en oeuvre, à savoir l’anéantissement de la Raison et donc de la dignité humaine. C’est sur ce point que je souhaite insister ici pour la dernière fois.
La Raison, dont est doué chaque être humaine, me dit : être tolérant, c’est refuser l’intolérable quoi qu’il en coûte, quoi qu’on en dise, et surtout quoi qu’en disent vos experts qui cessent d’être obsédés par la nécessité d’appuyer leur "fatwa" par des preuves scientifiques dès qu’ils sont invités à courtiser ou à partager le pouvoir parce que pour eux la science n’est dès lors qu’un produit de remplacement de la puissance. C’est exactement de cette façon que notamment les bolchevique utilisèrent la réputation de leurs scientifiques à des fins absolument non scientifiques, et les forcèrent à jouer le rôle de charlatans de telle manière qu’ils fassent une réalité de l'histoire qu'on leur racontait.
Selon vous, Madame la Juge, Monsieur Philippe DUTILLEUX, l’auteur de la proposition du traitement qui consisterait à "casser" le raisonnement d’une personne avec l’aide d’un traitement neuroleptique, ainsi que ses collègues Messieurs Pascal Roger et Emmanuel Pinto (cfr. ma lettre ouverte susmentionnée), ne seraient-ils pas des charlatans ayant cessé d’être obsédés par les preuves scientifiques ? Ces individus, ne seraient-ils pas des vils joueurs de rôle dans un spectacle totalitaire conçu et mis en scène par notamment les magistrats "concernés" du Parquet de Liège ? Et par conséquence la science, ne serait-elle pour eux un vulgaire produit de remplacement de la puissance ?
Prenons ici, comme exemple, le fatwa de l’un des nombreux maîtres spirituels de ces personnes, Monsieur Van De Berg, neurologue et professeur à l’Université de Leiden. Selon celui-ci, seraient qualifiées de "revendicateurs" les personnes qui "entameraient des procédures interminables en s’accrochant - au point de ne plus pouvoir s’en passer - à un préjudice supposé ou réel" et qui, "pour faire valoir leur droit, sacrifieraient tout, parfois même, radicalement, leur vie entière." Ce qui reviendrait à dire que "ces personnes souffriraient de délire de revendication égocentrique ou de délire de revendication altruiste reposant sur l’idée prévalente d’un préjudice réel ou prétendu. Le caractère obsédant de cette idée prévalente serait par elle mis en valeur ainsi que l’exaltation maniaque caractéristique » (G.H. Van De Berg, Psychiatrie pratique, Ed. De Brouwer, 1975).
Notons en passant que le choix de l’ouvrage de Monsieur Van De Berg n’est pas dû au hasard, car il nous rappel le vaste débat qui fut engagé dans les années 1975-1976 autour du sujet "punir ou guérir ? Guérir pour normaliser ou l’inverse ?" Déjà à l’époque, l’inquiétude concernant les agissements "des forces du maintien de l’ordre, en blouse blanche, par la force ou la séduction", était très grande.
Au regard de ces considérations en apparence banales, la première question qui vient à l’esprit est celle de savoir pourquoi appeler "revendicateur" un préjudiciable ? Parce qu’en altérant ainsi le langage, et en masquant la vérité par l’illusion d’éclairage, le manipulateur s’emploie à détruire le sens de la réalité grâce, à la fois, à l’abus du pouvoir réel qu’il détient et au pouvoir qu’il croit détenir des ressorts de son abjection. Pour ce faire, il prend appui sur la convenance du politiquement correct, convenu d’un langage dominant, le langage altéré, une sorte de convention de parler faux : dire le faux en sachant le vrai. Le manipulateur sait que tout se résume dans ce convenable absolu qu’il nomme "le Réel" dans lequel il croit pouvoir annuler le tout, ôter le sens à tout dans la soumission. Parce qu’il est persuadé de pouvoir réduire au silence son interlocuteur et faire de lui un pantin qui reçoit ce qu’il lui intime de recevoir et de penser ce que le manipulateur "scientifique" voudra qu’il pense.
De fait, suivant ce prêcheur d’inspiration pour le moins douteuse, supposons qu’il y ait un préjudice réel. Dans ce cas ; (1) Je ne vois vraiment pas où est le problème si la personne concernée exige que le préjudice réel qu’elle a subi soit reconnu, voire réparé, et que son droit déjà reconnu par le législateur soit rétabli et la justice rendue. (2) Je ne comprends pas pour quoi ou pour quel motif le préjudice subi ne serait pas reconnu, car un droit qui ne se traduit pas par des obligations précises envers le titulaire du droit n’est qu’un mensonge. Nous savons pourtant que le droit n’est pas un mensonge, et que si cela devrait être le cas, il ne peut être qu’une duperie mentale intégrée dans les principes fondateurs d’une république bananière et non d’un Etat de droit. (3) Je ne comprends absolument pas - mais pas du tout - en quoi une telle situation devrait être soumise à l’appréciation ou à l’examen des "charlatans" au lieu d’être traitée par des cours et tribunaux qui en ont la compétence leur conférée par la Constitution.
Selon vous, Madame la Juge, serait-il injuste ou fallacieux de confirmer que la source principale du conflit qui nous oppose, réside dans votre souhait de voir le titulaire du droit soumis à l’arbitraire de votre volonté heurtant violemment à l’essor de l’Etat de droit démocratique ? Essor illustré, depuis le temps des Lumières, par un principe universel qui veut que nul - ni vous donc - n’aurait désormais de pouvoir qu’en vertu du droit, et que chacun - donc y compris vous - devrait se voir soumis à l’obligation de respecter une loi qui le précède. Alors que la loi n’était auparavant que l’expression arbitraire de la volonté des tyrans quelque soit la forme des oripeaux dont ils se paraient.
Alors, posons maintenant quelques questions aux gardiens de l’ordre en blouse blanche qui s’agitent, avec les manuels de psychiatrie en main, dans les couloirs des palais de justices. Pour quoi et par qui le préjudiciable est forcé à entamer des procédures interminables, à sacrifier tout, parfois même, radicalement, sa vie entière pour faire valoir son droit ? Est-ce normal ? Les malades mentaux, les aliénés, les obsédés, les vrais, ne seraient-ils pas ceux qui forcent ainsi le titulaire du droit à entamer ces procédures interminables ? Ne serait-il pas normal de leur poser la question ?
Ne serait-il pas normal de vous poser, à vous tous, la question de savoir quels sont les intérêts que vous défendez en forçant le préjudiciable, et par tous les moyens, à se résigner, à renoncer à la défense de son droit et, in fine, à "tourner la page" ? Ne serait-ce pas parce que le droit ne serait effectivement pas un mensonge, mais il serait la puissante expression du rapport de force, et la seule loi valide serait celle du plus fort ?
Quant à moi, je reste persuadé que l’injustice est une anomalie et le sort inévitable de toute anomalie du genre est l’anéantissement. Il faut donc qu’elle soit anéantie.
Pour conclure, je tiens à préciser ici qu’un homme n’a pas de prix. Il a une dignité. C’est pourquoi, Madame la Juge, je n’ai jamais pensé à entamer, comme vous me le conseilliez en bonne mère de famille, une action judiciaire en civile contre l’Etat belge pour "dommages et intérêts". Etat que je n’ai jamais rencontré et derrière lequel se dissimulent les acteurs que j’ai qualifiés, à juste titre, de "terroristes d’Etat".
Dans l’attente de vous lire dans les meilleurs délais, je vous prie d’agréer, Madame la Juge d’instruction, l’expression de mes salutations.
Mustafa Üner SARI
Rue Joseph Remy, 12
4000 LIEGE
vendredi, septembre 16
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